L'abbatiale
Construite au XIe siècle, l'église de l'abbaye bénédictine est un joyau de l'art roman, inscrite au patrimoine mondial de l'UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle.
Sa fondation
L’actuelle église de l’abbaye bénédictine est fondée sur une ancienne chapelle du saint éponyme de la ville, Severus, à qui les légendes médiévales attribuent la christianisation de la région. Après avoir convaincu le gouverneur Adrien résidant au Palestrion de se convertir, il est martyrisé et décapité par les Vandales. Une chapelle pour abriter la dépouille du saint est construite au VIIe siècle. Cette chapelle est mentionnée dans la charte de la fondation de la ville au Xe siècle, bien qu’aucune preuve archéologique ne vienne confirmer les textes.
La construction de l’abbatiale est décidée par le comte de Gascogne Guilhem Sanche en 988. Grégoire de Montaner, personnalité hors norme formée à l’abbaye de Cluny qui dirige le monastère de 1028-1072 décide d’un plan à sept absides échelonnées. Aujourd’hui, l’abbatiale de Saint-Sever est la seule, avec l’église de Châteaumeillant, à conserver ce plan monumental, alors qu’il est plus commun de trouver des constructions à trois absides.
L’architecture de l’édifice a souffert de nombreux conflits, comme la guerre de Cent Ans et les guerres de Religion qui ont modifié sa silhouette.
De nombreux trésors
Le bâtiment est reconnu pour son importance dans l’histoire et pour laquelle il est classé au titre des monuments historiques en 1911 et inscrit à l’UNESCO au titre des chemins de Saint-Jacques-de-Compostelle en 1998.
L’aspect extérieur de l’église garde l’allure des bâtiments conventuels très sobre, mais à l’intérieur sont cachés de nombreux trésors et notamment de riches décors sculptés, un cloître aux piliers carrés faits de briques rouge, son plan monumental et son reliquaire.
Aujourd’hui, le monument compte plus de 150 chapiteaux, dont une cinquantaine datent du haut Moyen Âge, faisant de l’abbatiale de Saint-Sever l’église ayant le plus grand décor roman d’Aquitaine. Le plus ancien est une sculpture à feuilles lisses, qui serait une réinterprétation de l’ordre corinthien antique. L’ensemble du décor compte également des scènes historiées ou figurées. D’autres chapiteaux ont été restaurés ou taillés au XIXe siècle. Cette diversité de styles et d’époques rend cet ensemble exceptionnel.
De multiples restaurations
L’église actuelle a subi de nombreuses restaurations et reconstructions au cours des siècles. Une partie des absides et du cloître est détruite par les troupes de Gabriel Ier de Montgomery durant les guerres de Religion. Le cloître est reconstruit avec des briques et des briques rouges, des matériaux à la mode et peu chers, compte tenu des finances de l’abbaye.
Au XIXe siècle, de nombreuses restaurations sont réalisées, en grande partie dirigées par l’architecte communal Sibien. Il décide d’un style néo-roman, afin de rentrer en résonance avec l’allure romane d’origine. Au milieu du XIXe siècle, le portail reconstruit au XVIIe est remanié. Celui-ci s’écroule le 7 février 1868 suite à de fortes gelées. Il est rétabli entre 1868 et 1870 dans le style qu’il conserve aujourd’hui, avec une pierre beaucoup plus résistante au froid. L’intérieur de l’abbatiale est restauré à la même époque et les chapiteaux s’enrichissent de décors animaliers, végétaux ou de scènes religieuses, permettant de faire apparaître différents styles de sculptures.
En 2014, une nouvelle campagne de restauration de l’abbatiale est engagée. Elle a pour but de remettre en valeur l’ensemble du décor sculpté en trouvant un équilibre esthétique entre les chapiteaux romans et leurs restaurations du XIXe siècle. Ces travaux seront finis début 2020 et rendront à tous ce trésor d’architecture restauré pour qu’il puisse traverser les époques.